Je
regarde la fenêtre assis , contemplatif
Comme si
cet hiver avait un charme obscur
Relatant
d’autres hivers aussi intempestifs
Et
pensant comme toujours celui là est plus dur
Je
laisse mon regard errer par la fenêtre
Au gré
des châtaigniers , au sein des vieux tilleuls
Ces
arbres centenaires ces bouleaux et ces hêtres
Que des
dizaines d’hiver on sculpté sur le seuil
Avec un
goût certain pour le beau , l’harmonie
Avec une
clarté , dans cette création
Comme si
l’allégresse et la monotonie
Pouvaient
se confondant être une révélation
Bien sur
que tous ces arbres forment une agora
Où le
chêne bille en tète le dispute au tilleul
Bien sur
que ce ruisseau qui bientôt s’en ira
Produit
sur mon esprit triste comme un linceul
Une
émotion futile et pourtant si sincère
La perte
d’un ami , la fin d’une souffrance
Je me
dis que bien sur la fin est une aubaine
Pour cet
homme qui souvent se retrouvait en transes
En proie
au désespoir de voir son corps partir
Tandis
qu’a quelques pas dans la pièce à coté
On rit ,
on parle fort , on prend bien du plaisir
Certes ,
je le sais bien c’était sa volonté
Que
personne ne pleure que personne ne soit triste
Mais
cette volonté je ne lui passerai pas
Ma
conception du deuil n’est pas celle des artistes
Je ne
peux accepter cette forme d’adieu
Qui
consiste à jouir de la journée qui va
Comme si
auparavant rien n’avait donné lieu
A des
émotions à des cris à l’adieu
Vois tu
mon cher ami , je déroge à la règle
Je ne
fêterai pas ton décès aujourd’hui
Je
préfère regarder avec un regard frêle
La
nature qui elle seule semble être l’infini .
Robert Trebor - 01.1991