jeudi 8 septembre 2016

Hiver (Poésie)






Je regarde la fenêtre assis , contemplatif
Comme si cet hiver avait un charme obscur
Relatant d’autres hivers aussi intempestifs
Et pensant comme toujours celui là est plus dur
Je laisse mon regard errer par la fenêtre
Au gré des châtaigniers , au sein des vieux tilleuls
Ces arbres centenaires ces bouleaux et ces hêtres
Que des dizaines d’hiver on sculpté sur le seuil
Avec un goût certain pour le beau , l’harmonie
Avec une clarté , dans cette création
Comme si l’allégresse et la monotonie
Pouvaient se confondant être une révélation
Bien sur que tous ces arbres forment une agora
Où le chêne bille en tète le dispute au tilleul
Bien sur que ce ruisseau qui bientôt s’en ira
Produit sur mon esprit triste comme un linceul
Une émotion futile et pourtant si sincère
La perte d’un ami , la fin d’une souffrance
Je me dis que bien sur la fin est une aubaine
Pour cet homme qui souvent se retrouvait en transes
En proie au désespoir de voir son corps partir
Tandis qu’a quelques pas dans la pièce à coté
On rit , on parle fort , on prend bien du plaisir
Certes , je le sais bien c’était sa volonté
Que personne ne pleure que personne ne soit triste
Mais cette volonté je ne lui passerai pas
Ma conception du deuil n’est pas celle des artistes
Je ne peux accepter cette forme d’adieu
Qui consiste à jouir de la journée qui va
Comme si auparavant rien n’avait donné lieu
A des émotions à des cris à l’adieu
Vois tu mon cher ami , je déroge à la règle
Je ne fêterai pas ton décès aujourd’hui
Je préfère regarder avec un regard frêle
La nature qui elle seule semble être l’infini .

Robert Trebor - 01.1991


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