vendredi 27 mai 2016

Jeunesse pensive Poésie)







Telle la goutte sur le pavé mouillé,
Le liquide visqueux de notre vie ,
S'écoule d'alambics en tubes souillés .
Tel un moment vécu sans autre envie
Que de retrouver le bonheur ami ;
Pareil à l'onde d'une source claire ,
Creusant son lit vers sa soeur la mer ,
L'existence vers la tombe descend ainsi ,
En pensant au regret de la jeunesse .
Aqua simplex , elle , n'éprouve faiblesse .

1972

lundi 23 mai 2016

Jour cruel (Poésie)








Le matin du jour cruel
Tu n'as pas su écarter le sort
De nos chemins éternels
Faire fuir loin d'elle la mort

Bercé par tes rires
La douceur de tes caresses
Je pensais lui dire
Que la vie naissante serait tendresse

Son ventre vivait l'amour
Vibrait aux sons de la douceur
Nos mains s'y posaient chaque jour
Pour lui murmurer notre bonheur

Elle est partie vivre ailleurs
Cueillie par la dame tout en noir
Son sourire moqueur
Revenait à sa place le même soir

07.1973

samedi 21 mai 2016

Solitaire - Deux années déjà (Poésies)




Solitaire



L’amitié est éphémère
Comme l’est la vie.
Je n’en ai que faire,
Désormais je la fuis.

Trop souvent déçu
De cette amante hypocrite.
Je n’en veux plus,
Laissez la dans sa crypte.

Solitaire je suis
Comme ours en tanière.
Qui pour tromper l’ennui,
Dormira tout l’hiver.

04.1989








Deux années déjà


Le glas sonna , deux années déjà
S'estompèrent tes sentiments pour moi ;
Seul à présent , je ne t'oublie pas
Malgré que tu assombrisse ma joie .
Tu hantes ma pensée ici-bas ,
Mon hymen pour ton coeur fait la loi ,
Te perdre , m'amènera jusqu'au trépas .
Pourrai-je aimer une autre après toi ?
En mes rencontres dont je suis las ,
C'est ton reflet qu'il faut pour mon choix .
Princesse dans cette vie ici-bas ,
Je porte par toi , une lourde croix ;
Dommage de vivre sans la foi ,
Ceci m'a fait descendre très bas ;
Je t'ai bien crue l'élue de bon droit .



11.1989

lundi 16 mai 2016

Longtemps après… - Amoureuse (Poésies)


Longtemps après…

Serrant sa plume comme une lame
fine, elle écrit quelques mots lisses
quelques mots qui s’évanouissent
avec le temps mais pas dans l’âme

Par dessus ces mots quelques larmes
en forme de paraphe glissent
en silence. Ses yeux se plissent :
cette lettre est sa dernière arme.

Elle redit les moments forts
Instants aux couleurs de soleil
les ouragans de vingt beauforts
Qui jusqu’aujourd’hui la balayen

Elle a redit la vague amour
qui la submerge comme avant
et l’atroce douleur qui sourd
ouvrant son coeur à tous les vents

L’immense mer des sentiments
dont la houle dans son délire
l’éclabousse en allumant
des tourbillons qui la déchirent

Elle a redit la mort du charme
dont le ressac aux lames sourdes
ouvre son coeur dans un vacarme
de fin du monde à l’arme lourde





Amoureuse


Elle s'enroule autour de lui,
Chavire et roule bord sur bord,
Et puis déroule sans un bruit
son corps de soie jeteur de sort

La courbe offerte comme un fruit
Elle a pressé comme un trésor
ses seins dressés tout contre lui
dans une lutte en coeur à corp

Elle récite dans la nuit,
Les yeux sur lui pendant qu'il dort,
des mots d'amour et puis s'enfuit
Dans la passion jusqu'à l'auror

Dans le petit matin qui suit
Un baiser posé sur le bord
de lèvres douces réussit
À rallumer le feu qui dort
Elle le suivrait jusqu'à la mort.


Robert Trebor 13-12-86

dimanche 15 mai 2016

Fracture de l'âme ! (Poésie)







Crève-coeur transcende bas-fonds de l'être
gémissements, pleurs, hurlements, algie d'être
ipséité cramoisie et transie, esprit chaviré
passions déchues et effondrées, triste vie virée..

Emotions solitaires, perceptions sanguinaires
impossible partage, funeste rage de calvaire..
Lacrymales glandes exsudant larmes de sang,
Que de douleur pour un seul cœur et impuissant !

Fémur, humérus, incisive ou céphale fracturés
palpable pour vision externe, mais âme raturée ?
Point de radiodétection pour émotion d'ébène noire,
pour minus habens ou érudit, transparence illusoire...

Petit prince dit : "On ne voit bien qu'avec les yeux du cœur",
mais combien nombreux sont ces aveugles et les sans-cœur !
Coups d'épées malicieux dans le dos naïf de noble intégrité,
coups de poignards fielleux au travers âme noire désabusée...

Maxime, maître d'us et coutumes, allègue : "L'amour est aveugle".
Vision périphérique, foutaise ! Lorsque quidam passionné beugle.
Cerveau dit logique, métamorphosé en cerf-volant déraisonné !
Esprit rationnel goûte néant, de limbique par trop assaisonné...

Plus souvent qu'autrement, reclus et esseulé, s'imagine-t-on ;
choir parmi tourments, omis, anéanti et incompris, croit-on...
Pieds nus dans l'aube, faisant le pied de grue devant ce trou béant
pour, de près mais quand, le zyeuter comblé de nobles sentiments...

Sacro-saint matérialisme, bas et pourquoi pas, scatologique !
Au sein de l'âme transcendante : immature, insensé, illogique...
source d'existentialisme contre nature de noble intégrité
esprit tragique, désarmé, terrorisé de se sentir thésaurisé !

Fracture de l'âme, paradoxe ! cœur qui clame, qui clame...
du ténébreux firmament noir, haut et fort son désespoir...
irréductibles sentiments, avide et impatient, réclame :
Espérance, rêve, confiance, toujours et encore : ESPOIR !

R-T

mercredi 11 mai 2016

Désespérance (Poésie)






On garde le secret de nos larmes
On se tait
Par habitude
Par lassitude
On laboure son champ
On creuse les sillons
Le temps nous pousse
On presse le pas
On n'en peut plus
On est là
Tellement las


On tourne en rond
On courbe l'échine
La fin semble imminente
La solitude nous tutoie
Sans façon
On se sent à l'abandon
Seul Abandonné


Quelqu'un viendra-t-il
À notre secours
Quelqu'un entendra-t-il
Nos cris
La misère n'a plus de voix
La souffrance se replie sur soi
Discrétion
On ne montre pas ses plaies
Ni son visage d'affamé
Ni ses traits tirés
Ni ses maladies
Ni ses infamies
Cela est inconvenant
Dérange les gens
Fait du mal à ceux qui n'en ont pas
Silence
Silence


On rentre dans son coquillage
On se sent à l'abri
On ne dit mot
Tout a été dit
On enlève son maquillage
On se met à nu
Personne ne viendra
Personne n'est venu
Désespérance
On se tait
On s'est tu

lundi 2 mai 2016

J’aurais aimé être un émigrant







O Dieu, j’aurais aimé être un émigrant,
comme ceux du siècle dernier
qui s’en allaient vers cet autre terre,
ou tout était possible, ou tout était si neuf.
Découvrir ces forêts immenses, ces déserts sans fin,
ces villes balbutiantes mais déjà grouillantes de tant de vie ;
et puis trouver un endroit si loin,
un endroit si beau,
où j’aurais pu attendre doucement la fin,
à regarder les couchers de soleil
sans me demander de quoi serait fait demain.

O Dieu, j’aurais aimé être un émigrant,
comme ceux du siècle prochain,
et m’envoler là haut vers ces terres nouvelles
dans de grandes nefs d’argent.
Courir derrière les étoiles
et puis trouver une planète au coin d’un soleil.
Une planète si belle
comme la terre avant,
et là attendre la fin
à regarder courir les comètes
sans me demander de quoi serait fait le siècle prochain.

O Dieu, j’aurais aimé être un émigrant,
un conquérant de terres lointaines,
mais tu ne m’as laissé que l’océan à contempler pour rêver,
que les étoiles à admirer pour pleurer.
Tu ne m’as laissé que les vagues qui m’appellent
et les galaxies qui me tendent leurs bras de poussières qui scintillent.
O Dieu, j’aurais aimé être un émigrant
plutôt que tout l’ennui de cette vie.
J’ai besoin de sentir de nouveaux vents,
J’ai besoin de vivre une autre histoire.

Robert Trebor - 1972