Un
merveilleux bain de plus. Il est dix-sept heures. Après les caresses sublimes
de l'eau tiède et salée, après nos tendresses magiques et nos baisers volés,
nous sortons de l'onde pour nous diriger
vers les dunes accueillantes.
Nous marchons, main
dans la main, escortés par l'eau et les dunes, les yeux perdus sur le bleu du
ciel où semble se perdre la mer.
Nos
pieds dérangent les flaques d'eau claire, ces océans en miniature, dont les
vagues minuscules courent lécher le sable. Parfois, dans l'eau jusqu'aux
genoux, nous suivons les reflets argentés
de crevettes affolées ou de petites soles, couleur sable, qui nous surprennent
par leurs clapotis de fraîcheur et
leurs bonds désordonnés.
Revenus
sur la plage, nos pieds s'enfoncent, maintenant, dans la tiédeur poudreuse du
sable doré qui mène à une
pouponnière de dunes aux cheveux clairsemés.
Nous
les enjambons pour escalader leurs soeurs âgées et nous perdre dans leurs
vallées. Nous suivons maintenant une sente qui se rétrécit, en un
mince filet, perdu dans les argousiers.
De temps en temps, des lys jaunes des dunes, aux parfums de miel, viennent se
jeter sur cette piste étroite et
sinueuse. Et tels des chevaliers perdus dans une forêt magique, nous nous battons contre les ronces qui nous
emprisonnent. Je précède mon amie et lui ouvre le chemin. enfin une minuscule oasis de sable, perdue
dans les buissons...
Notre
île blonde est bordée d'hoyats, de lys mellifères, d'orchidées des dunes et de
plantes grasses minuscules
appelées " poivre de muraille ".
Notre
crique est encerclée par des arbustes touffus aux branches noires et piquantes,
ornées de grappes de noyaux,
orange et durs, et de minuscules feuilles grisâtres.
Nous
nous écroulons sur notre lit de sable, après avoir déposé nos sacs bourrés de
vêtements et de trésors de
plage.
Dans notre cuvette,
à l'abri du vent, règne une chaleur humide et tropicale.
Au-dessus de nous,
rien qu'un ciel bleu, infiniment, où un oeil de feu brille
joyeusement.
Avec
des gestes gracieux, mon amie se livre aux caresses de l'air et du soleil, dans
la tenue de son premier jour au
monde. Et nous entamons l'éternel voyage qui, pour certains marins, vaut plus que les océans et toutes les mers du globe,
avec leurs îles, leurs continents, leurs richesses et leurs habitants.
Perdus entre ciel et
terre, nos coeurs vacillent entre douceurs et bonheurs.
Nous roulons dans le
sable qui scintille sur nos peaux.
Et notre voilier
jette une ancre sans retour dans la paradisiaque crique de l'amour.
Perdus sur cette
boule d'eau et de terre, catapultée à l'infini, nous nous aimons à la folie
Nous sommes deux
enfants éblouis, " sous le soleil exactement ", comme le dit la
chanson.
07.1972