vendredi 3 juin 2016

Amours, bleus... "Sixties"







Un merveilleux bain de plus. Il est dix-sept heures. Après les caresses sublimes de l'eau tiède et salée, après nos tendresses magiques et nos baisers volés, nous sortons de l'onde pour nous diriger vers les dunes accueillantes.  

Nous marchons, main dans la main, escortés par l'eau et les dunes, les yeux perdus sur le bleu du ciel où semble se perdre la mer. 

Nos pieds dérangent les flaques d'eau claire, ces océans en miniature, dont les vagues minuscules courent lécher le sable. Parfois, dans l'eau jusqu'aux genoux, nous suivons les reflets argentés de crevettes affolées ou de petites soles, couleur sable, qui nous surprennent par leurs clapotis de fraîcheur et leurs bonds désordonnés.  

Revenus sur la plage, nos pieds s'enfoncent, maintenant, dans la tiédeur poudreuse du sable doré qui mène à une pouponnière de dunes aux cheveux clairsemés.  

Nous les enjambons pour escalader leurs soeurs âgées et nous perdre dans leurs vallées.   Nous suivons maintenant une sente qui se rétrécit, en un mince filet, perdu dans les argousiers. De temps en temps, des lys jaunes des dunes, aux parfums de miel, viennent se jeter sur cette piste étroite et sinueuse. Et tels des chevaliers perdus dans une forêt magique, nous nous battons contre les ronces qui nous emprisonnent. Je précède mon amie et lui ouvre le chemin. enfin une minuscule oasis de sable, perdue dans les buissons...  

Notre île blonde est bordée d'hoyats, de lys mellifères, d'orchidées des dunes et de plantes grasses minuscules appelées " poivre de muraille ".  

Notre crique est encerclée par des arbustes touffus aux branches noires et piquantes, ornées de grappes de noyaux, orange et durs, et de minuscules feuilles grisâtres.  

Nous nous écroulons sur notre lit de sable, après avoir déposé nos sacs bourrés de vêtements et de trésors de plage.  

Dans notre cuvette, à l'abri du vent, règne une chaleur humide et tropicale.  
Au-dessus de nous, rien qu'un ciel bleu, infiniment, où un oeil de feu brille joyeusement.  

Avec des gestes gracieux, mon amie se livre aux caresses de l'air et du soleil, dans la tenue de son premier jour au monde. Et nous entamons l'éternel voyage qui, pour certains marins, vaut plus que les océans et toutes les mers du globe, avec leurs îles, leurs continents, leurs richesses et leurs habitants.  

Perdus entre ciel et terre, nos coeurs vacillent entre douceurs et bonheurs.  
Nous roulons dans le sable qui scintille sur nos peaux.  
Et notre voilier jette une ancre sans retour dans la paradisiaque crique de l'amour.  
Perdus sur cette boule d'eau et de terre, catapultée à l'infini, nous nous aimons à la folie
Nous sommes deux enfants éblouis, " sous le soleil exactement ", comme le dit la chanson.



07.1972


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