Sur fond d'une très bonne émission diffusée sur la 5,
le dimanche 4 décembre 2016 (ici le Replay). Disponible jusqu'au 11 déc.
Une émission très intéressante qui peut ou doit amener à se poser la question sur nos libertés. Peut-on échapper aux dictats de la société de consommation et de communication, ses modes de fonctionnements ?
Ne sommes nous pas formatés pour accepter et faire nôtre certaines idées prémâchées ? Quoi qu'il en soit, passer outre n'est pas une mince affaire.
J'interviens là sur 2 points afin de gérer ses tâches et son temps, afin d'éviter la surcharge.
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- Pourquoi ce documentaire ?
Meriem Lay : « Je manque de temps ! » Cette phrase je la prononce plusieurs fois par jour et j’ai pu constater que nous la prononçons tous quels que soient notre âge, notre catégorie professionnelle, l’endroit où l’on vit, même si c’est encore plus fréquent lorsqu’on vit en ville. Je me suis demandée pourquoi nous courions tous après le temps alors que nous parvenons à faire de plus en plus de choses beaucoup plus rapidement qu’il y a 10, 20 ou bien sûr 50 ans.
- Les progrès technologiques nous permettent effectivement de tout faire plus vite alors d’où vient ce sentiment de manquer de temps ?
Le manque de temps n’est pas un sentiment, c’est une réalité. Le temps que nous avons gagné grâce aux progrès technologiques nous le réinvestissons pour faire toujours davantage et répondre à l’injonction de l’époque : être performants dans nos vies personnelles et professionnelles. Nous avons donc toujours quelque chose à faire, et ce que nous avons à accomplir nous tentons de le faire vite pour accomplir encore davantage. C’est un cercle vicieux qui nous épuise et donne à beaucoup d’entre nous un sentiment de trop plein.
- Pourquoi les choses à faire s’accumulent-elles ?
RT - Voici une série de raisons pour lesquelles nous laissons certaines tâches, jugées peu importantes ou pas d’ailleurs, s’accumuler et finalement nous écraser.
Vouloir en faire trop
Se disperser, manquer d’efficacité
Être perfectionniste
Réaliser les tâches sans se préoccuper du temps que l’on y passe
Fixer des durées d’exécution irréalistes ou ne pas les respecter
Avoir des difficultés à se mettre en action
Manquer de motivation
Se laisser distraire
Manquer d’énergie: fatigue, surcharge de travail
Se trouver des excuses: pas le temps, pas important ou pas urgent
Tomber dans la procrastination et repousser les choses à faire à plus tard
Vous en connaissez probablement d’autres.
- Mais même si nous avons beaucoup de choses à faire, il y a des priorités…
De moins en moins, car nous pouvons le constater tout devient urgent. Les nouvelles technologies nous ont habitué à obtenir des réponses immédiates, instantanées et cette instantanéité, cette immédiateté, nous l’attendons des autres, comme les autres l’attendent de nous, ce qui nous fait vivre dans un climat d’urgence permanente, de course permanente.
Les nouvelles technologies nous ont imposé leur rythme, notamment dans nos vies professionnelles, or nous ne pouvons pas suivre ce rythme, nous ne pouvons pas répondre instantanément tout le temps. L’être humain a des besoins naturels, physiologiques incompressibles. Nous aurons toujours besoin de dormir, de manger… or notre temps de sommeil a baissé d’une heure et demie par nuit en 50 ans et nos pauses déjeuner sont passées d’une heure 30 à seulement 22 minutes ! C’est pour cela que nous sommes nombreux à craquer…
- Comment en finir avec toutes les choses à faire ?
RT - Vous pouvez ramener votre trop plein de choses à faire à un niveau raisonnable. Ne pas perdre de vue que "Simple" ne signifie pas "facile".
- Faire une liste.
Elle traite les choses pour lesquelles vous vous êtes dit... « il faut que je fasse ça », ce qui est différent de « il faudrait que … »,
- Analyser la liste.
Pourquoi pas sélectionner une première sous-liste des tâches faciles et rapides à faire. Cela ira vite. Puis revenez à votre liste et terminez les tâches rapides s’il en reste.
Vous voici arrivé aux tâches qui demandent plus de temps, ou qui ne peuvent se faire que le weekend, ou qui dépendent de la disponibilité d’autres personnes.
Évitons d’accumuler les choses à faire
Il est essentiel de ne pas se laisser déborder par les tâches qui arrivent à l’improviste. Intégrer cela à votre liste ordonnée
Pour ne pas accumuler, il faut:
- Décider si vous faites ou pas, éventuellement déléguez,
- Faire les choses qui demandent peu de temps quand elles se présentent ou dès le premier creux (mais pensez à vous poser un peu de temps en temps),
- Noter ce qui ne peut pas être fait de suite, et planifiez en la réalisation.
- Ne pas trop surcharger son agenda est essentiel. Laissez quelques disponibilités. Elles peuvent vous laisser le temps d'un café, ou afin de « Prévoir l’imprévu! »,
- Consultez votre liste ou votre agenda, c'est une façon d'avancer.
J'en termine en attirant l'attention de chacun ou chacune sur le fait que gérer son temps est pour votre bien être, et certainement pas pour vous laisser surcharger par d'autres. Ne vous oubliez pas, pensez à vous et aux vôtres.
- Vous voulez dire que ce culte de l’urgence entraine des pathologies ?
Oui sans nul doute, toutes les études médicales le confirment. En France une personne sur 5 souffre ou a souffert de burn out, la consommation d’anti dépresseurs n’a jamais été si importante et les dépressions sont légions… Nous allons dans le mur sauf si nous parvenons à ralentir.
- La solution ce serait donc de se retirer au calme à la campagne ?
Non ce que j’ai cherché à montrer dans ce documentaire c’est que l’on pouvait parfaitement conserver son cadre de vie, son travail, ses loisirs et parvenir à instiller des bulles de lenteur, des parenthèses dans nos quotidiens surbookés où l’on peut reprendre son souffle et par la même occasion reprendre le contrôle de nos vies !
- Est-ce que l’on peut espérer ralentir dans nos activités professionnelles ?
Le culte de la vitesse, de la performance c’est bien sûr d’abord et avant tout dans le monde professionnel qu’il est à l’œuvre. Et la pression trop forte, le sentiment de trop plein viennent d’abord des conditions dans lesquelles on travaille. Mais en l’état actuel des choses, hormis de rares exceptions, je ne pense pas que ce soit sur son lieu de travail que l’on peut espérer reprendre son souffle. Même si le bien-être au travail est très à la mode, il relève beaucoup plus pour le moment d’un argument marketing, d’une stratégie de communication autour d’un thème dans l’air du temps que d’une réalité.
De la même façon, les formations gestion du temps qui fleurissent dans de nombreuses entreprises ont pour but principal d’améliorer les performances des salariés et non d’améliorer leur bien-être.
Les experts en slow management que j’ai pu rencontrer s’accordent sur ce point et ils estiment qu’aucun salarié ne pourra seul dans son coin améliorer son bien-être sur son lieu de travail sans une refonte en profondeur des stratégies managériales.
- Si ce n’est pas sur son lieu de travail, où et comment peut-on ralentir chaque jour ?
C’est tout le propos du documentaire, chacun pourra y piocher sa solution. Des solutions concrètes qui ne coûtent pas d’argent et qui ne demandent pas non plus beaucoup de temps. Elles peuvent être mises en application dès le lendemain.
Ce que ce documentaire démontre c’est qu’il y a des tas de moments que l’on peut préserver, retrouver sans qu’ils ne nous demandent tant de temps que ça : marcher ne demande parfois pas plus de temps qu’emprunter sa voiture ou les transports. On peut méditer dans une rame de métro ou dans un train. Une sieste flash au travail ne prend que 3 minutes et combat vraiment efficacement la somnolence…
Le documentaire permet aussi de combattre une idée reçue : il y a des moments où l’on croit gagner du temps et où l’on en perd. Alors qu’on valorise le multitâche, études scientifiques unanimes à l’appui, il est démontré par les neurobiologistes que nous sommes incapables d’être multitâches, les femmes autant que les hommes. Le cerveau humain est incapable de porter son attention sur deux choses à la fois.
Or nous ne cessons de tenter de le faire en passant d’une conversation à la lecture d’un sms, à l’écriture d’un mail, nous interrompons sans cesse nos activités et c’est très dommageable pour nos cerveaux et notre santé. En tentant d’être multitâches, nous perdons du temps en passant d’une tâche à l’autre, nous commettons plus d’erreur et nous épuisons notre cerveau ce qui est source de stress et d’anxiété.
- Vous pointez également du doigt le temps que nous volent nos smartphones…
Songez que les jeunes entre 16 et 24 ans pianotent 23 heures par semaine sur leurs téléphones. 23h ! Il ne s’agit évidemment pas de jeter nos téléphones au fond d’un placard mais comme l’indique très justement le psychiatre Christophe André, cette révolution est allée très vite, trop vite et nous n’avons pas accompli les progrès psychologiques nécessaires pour s’adapter à la révolution digitale.
Il nous faut absolument réguler les usages de nos téléphones, redevenir les maîtres de ces objets qui vampirisent l’attention et la vie de nombre d’entre nous. Bien trop souvent, nos téléphones, sortes de greffons au bout de nos mains, sont devenus nos premiers interlocuteurs. La vie doit d’abord être devant nous, face à nous, pas sur nos écrans. Notre santé psychologique est en jeu et notamment celles des plus jeunes. Ne plus courir après le temps, c’est reprendre les commandes de son existence : redevenir capable d’attention, de concentration, de continuité dans toutes nos activités et réapprendre, par moments, à ne rien faire du tout.
Source : Entreprendre.fr
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