lundi 21 novembre 2016

La femme Ange ... ( Lecture du Chap. I )


A Nos romanciers féminins,
à Monsieur Alexandre Dumas



LA FEMME ANGE
L'Homme-Femme - La Femme-Homme
par l'auteur de la Société d'amour pur

I


Ma flore est terminée, chère amie, elle n'ira pas plus loin. A quoi bon les accessoires, quand le fond est si fort en défaut !

Comme je m'y étais engagée, j'ai lu quelques-uns des romans nouveaux de nos homo-pseudonymes, doués par le grand magicien (1) : je ne pouvais m'en tenir à un éloge non suffisamment justifie. Après les belles pensées du Bleuet, de Gustave Haller, favorisées parle choix du sujet qui leur permit de se produire en abondance, j'espérais trouver encore de quoi réjouir
l'amour pur dans les écrits de nos auteurs féminins. Mais, illusion complète, ma chère.

Si des pensées détachées se présentaient encore gracieuses et pures, elles étaient toutes en si grande opposition avec l'action, les personnages principaux y jouaient un tel rôle, y donnaient un tel démenti à ces pensées, que notre flore eût été une trahison à notre cause et au sentiment de légitime tristesse produit en nous par ces décevants écrits. Tu attends les preuves de cette accusation, amie, je te les dois et les voici. Mais rappelle-toi, en me lisant et en appréciant ma critique sur ces quelques romans féminins, que je sacrifie tout à mes dieux ; que ni la grâce, ni la beauté du style, ni le talent
de peindre ou de produire des situations inattendues, ni la nouveauté des tableaux n'ont affaire en cette occasion. Je cherche des appuis à
l'amour pur, je poursuis mon expédition pour en remonter le fleuve desséché, en faire retrouver les sources perdues, en ramener les eaux bienfaisantes parmi nous, et tout ce qui s'oppose à cette entreprise, tout ce qui peut la compromettre, lui faire obstacle, est rejeté sans pitié parmi les ennemis de la civilisation nouvelle.

Faire renaître la femme par
l'amour, l'amour pur affranchi du sexe, et qui exclut le sexe des relations chastes de l'amour libre, telles sont nos prétentions. Je te rappelle ma thèse en deux mots. N'oublie jamais que, selon moi, c'est cette dépendance fatale qui a tout gâté, tout perverti; qu'avoir rattaché l'amour au sexe fatalement, irrésistiblement, c'est avoir favorisé toutes les corruptions, tous les écarts qui se sont produits et ont mis plus que jamais la femme sous la domination de l'homme, et que, concentration monstrueuse contraire à l'être, à sa liberté, contraire à Dieu, à ses lois, à leurs fins, cette concentration fatale a étouffé peu à peu dans l'âme humaine et dans celle de la femme en particulier, toutes les vertus natives et primordiales chargées de protéger l'amour en sa croissance. J'ai nommé la chasteté, la pudeur et la liberté suprême.

En délaissant comme à l'envi
l'amour pur et ses vertus, gardiennes pour la femme de l'amour seul grand, seul digne de tous les sacrifices, nos auteurs féminins, en leurs écrits, — les homo-pseudonymes en tête, — ont fermé à leur sexe la voie de délivrance véritable et les beautés de toutes sortes qui s'y retrouvent naturellement. Ces auteurs sont allés à l'inverse des vrais progrès de l'art : ils n'ont pas eu le flair des grandeurs de l'art nouveau.

Imitateurs de leurs maîtres, leur tendance, dans leurs romans du jour, c'est de suivie les hommes dans leurs hardiesses et dans les peintures qu'on leur doit. Mais là, encore, les femmes ne suivent qu'à distance, se contentant de faire partie de l'expédition aventureuse qui met à nu nos tristes mœurs sans réagir et chercher au mal des correctifs.


Que sont les adultères de certains romans de ces dames, ces adultères prolongés sans un retour de conscience et détaillés jusqu'au dégoût, ou ces adultères rapides s'Ajouter au dictionnaire au-dessus des mers, dans un refuge de quelques pieds carrés, à côté de ceux des maîtres?...

Les productions et les exhibitions des chefs-d'œuvre du musée secret de nos mœurs sont assurées depuis longtemps à ces derniers, j'en atteste certains romans qu'il sera facile de nommer et qui s'échelonnent à travers les siècles.

Si les hommes se sont mis à l'aise en se faisant complaisamment par ces peintures, et sans en souffrir, les complices des outrages à la morale, les femmes, nos homo-pseudonymes surtout, ne sont que des déserteurs. Elles n'ont pas su réagir, elles ont jeté au loin les armes, fui le bon combat, et malgré la distance qui les sépare des maîtres, il y a entre elles et eux une entente fatale à notre temps.

Par leurs peintures de
l'amour, par leurs jugements, par le choix des sujets, l'action des personnages,
elles ont renforcé la concentration monstrueuse qui fait de la femme, par
l'amour, en tout et pour tout, irrésistiblement, la proie naturelle et légitime de l'homme. Elles vont toutes à l'exaltation du sexe, au triomphe de l'amour par la sensation. Abordons enfin quelques-uns de ces ouvrages, sans les nommer, si c'est possible, ni leurs auteurs. Tu sauras bien les reconnaître et espérer avec moi que, les noms de ces chers auteurs n'étant pas un pêché, les erreurs qu'ils protègent et recouvrent pourront bien être effacées dans quelques productions nouvelles. 


(1) - Voir la brochure de l'auteur : La flore nouvelle de l'amour. Dontu, Palais-Royal.

Chapitre II


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